La chapelle d'axe et les vitraux de Marc Chagall

"Si toute vie va inévitablement vers sa fin, nous devons durant la nôtre, la colorier avec nos couleurs d’amour et d’espoir." (Marc Chagall)

Les vitraux de Marc Chagall - 1974

  « Pour moi, un vitrail représente la cloison transparente entre mon coeur et le coeur du monde. Le vitrail est exaltant, il lui faut de la gravité, de la passion. Il doit vivre à travers la lumière perçue. La lecture de la Bible est déjà la lumière, et le vitrail doit en manifester l’évidence par sa grâce et sa simplicité ». Marc Chagall.  

L'ensemble des vitraux de cette chapelle a été réalisé en 1974 par Marc Chagall, artiste d'origine russe, qui a grandi au sein d'une famille juive traditionnelle. Avec son style propre, l'artiste contemporain a voulu conserver à l'édifice son exceptionnelle unité, et intégrer sa composition dans l'ensemble séculaire. C'est une collaboration de choix avec le maitre-verrier Charles Marq et l’atelier Jacques Simon ( qui hélas vient d'être liquidé en 2019, attesté depuis 1640 ) avec lesquels il va réaliser d’importants travaux de vitraux en France mais aussi dans le monde.

Chagall commence par s’imprégner de l’atmosphère de l’édifice, et principalement des verrières médiévales. Il demande à Charles Marq de lui restituer les couleurs, surtout les bleus anciens, afin de conserver l’harmonie du lieu.

La fenêtre centrale évoque les deux grandes figures de l'Ancien et du Nouveau Testament que furent Abraham et Jésus : le sacrifice d'Abraham, figure de celui du Christ, son alliance avec Dieu, sa filiation avec le Christ en croix qui accomplit le salut promis par Dieu. Nous apercevons le Christ sortant vivant du tombeau, dans le rouge de la gloire.

Toute l'attente de l'Ancien Testament est exprimée dans la fenêtre de gauche. L'arbre de Jessé déploie la généalogie des rois de Juda ; A son faîte, nimbés du vert du renouveau, la Vierge et l'enfant, annoncés par les prophètes situés dans la rosace.

La fenêtre de droite intègre quelques-unes des grandes heures de Reims : le baptême de Clovis, le sacre du jeune Saint-Louis et de Charles VII en présence de Jeanne d'Arc, prolongent en quelque sorte l'arbre de Jessé dans le Nouveau Testament. A la suite de David et de Salomon, et à l'exemple du Bon Samaritain, les rois doivent, tel Saint-Louis, accomplir leur mission avec justice et sagesse. 

Dans la fenêtre centrale, le sacrifice d'Isaac, ce sacrifice, figure de celui du Christ, est relié intentionnellement au Christ en croix par une ligne oblique, celle de la descente de croix.

Que dire de la figure de femme tenant un enfant, l'autre bras tendu touchant le christ en croix ?

Pour ma part en tant que photographe, je me suis appliqué à restituer le plus fidèlement les nuances de bleu autant que la clarté des petits détails. Ces verrières sont très riches, à l'image de la cathédrale, une infinité de petites figures peuplent l’arrière-plan, l’œil ne les remarque pas au premier abord et leurs appréciation nécessite une proximité que la hauteur des vitraux ne permet pas sans se servir d'un bon téléobjectif. 

Cette galerie est une invitation à plonger dans ces célèbres verrières.


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