L'Ange au Sourire de la Cathédrale de Reims, dit ange de saint Nicaise.

Ange le plus célèbre de l'Histoire de France, il sourit depuis le XIIIème siècle et déploie ses ailes hors du temps. Statue anonyme du portail septentrional de la façade occidentale, elle est attribuée au IIème atelier "champenois".

Pourquoi un tel sourire ? Car il en sait plus que chacun de nous. Il a vu passer 32 cortèges de sacres royaux, il a sourit à Jeanne d'Arc. Il est gardien de la mémoire spirituelle française. Il nous invite bien plus à la joie stoïcienne en toutes circonstances qu'à l'espérance.

"Gaude Felix Francia !", nous sommes la France joyeuse...

Artistiquement, il est un trait d'union entre les kouros de la Grèce archaïque et la Joconde.

C'est aussi un ange de sacrifice, il escorte saint Nicaise, martyr céphalophore local, décapité par les Vandales en 406, dont il tiendrait la palme dans la main.

Devenu durant la Première Guerre mondiale l'ambassadeur de la cathédrale incendiée et bombardée, puis le symbole de la ville de Reims mais surtout des "gueules cassées" qui ont survécus à la guerre des tranchés.

A l'image du saint qu'il accompagne au ciel, il est décapité par la poutre d'un échafaudage en flammes, lors de l'incendie du 19 septembre 1914. Sa tête s'éclate au sol en une vingtaine de fragments. Religieusement récupérés et mis à l'abri par l'abbé Rémi Thinot (1874-1915). Photographe passionné, l'abbé prend de nombreux clichés qui rendent compte des destructions de la ville. Puis il s’engage comme aumônier militaire sur le front. Il n’hésite pas à monter en première ligne les jours de combat. Le 16 mars 1915, il est touché de cinq balles dont l’une à la tête, alors qu’il portait secours à des soldats ensevelis après l’explosion d’une mine, sans avoir eu le temps de dire, où étaient cachés les fragments de la tête de l'ange.

Les rumeurs les plus folles vont d'ailleurs courir à propos de notre tête d'ange. Ainsi le 6 novembre 1915, le New-York Times rapporte que cette œuvre a été achetée par un richissime américain le colonel Alfred du Pont de Wilmington. Pour les journaux, cette statue devient le "Sourire de Reims" ou "L'Ange au Sourire", symbole du génie français et patrimoine détruit par les obus allemands, Vandales modernes. 

En réalité, les fragments de la statue n'ont jamais quittés les caves de l'archevêché de Reims, là où l'abbé les avait mis à l'abri et où la majorité des fragments provenant de la cathédrale sont toujours entreposés.

Sa moulure sera utilisée durant toute la guerre par le Service de l'Information à l'Etranger dépendant du Ministère des Affaires Etrangères, lors d'exposition sur le thème des monuments et œuvres d'art détruits : New-York en 1916, puis les principales villes des Etats-Unis et du Canada, Buenos-Aires en Argentine et enfin Santiago au Chili.

L'Ange au Sourire est avant tout une figure médiatique. D'ailleurs cette statue est-elle réellement différente des 2303 figures sculptées qui ornent la cathédrale de Reims ?

sources : 

L'Ange au Sourire dévoilé, Un regard neuf sur l'histoire du mythe du si célèbre "Ange au Sourire" de Reims.

  • Auteur : Yann Harlaut
  • Éditeur ‏ : ‎ Editions Harlaut
  • Date de publication ‏ : ‎ 1 novembre 2018
  • ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2956240723


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