Plate tombe de Hugues Libergier

Bien que peu visible dans une partie de la cathédrale assez mal éclairée et sur un mur de tonalité similaire, cette pierre tombale n'en est pas moins un élément important de la visite de l'édifice.

Largement étudiée par les médiévistes, la représentation de Libergier est devenue un des supports les plus fréquemment utilisés pour illustrer l'image de l'architecte médiéval, "le Magister". Par ce fait, elle suscite l'intérêt de tous ceux qui cherchent à percer les mystères de la construction des cathédrales et plus largement, des passionnés de compas et d'équerre...

Cette page ne prétend être qu'une introduction superficielle à se sujet très complexe, à propos duquel, il reste encore beaucoup de questions en suspens... je laisserai le soin d'y répondre aux vrais spécialistes. 

L'intérêt premier de cette page est d'en présenter une photographie complète et détaillée, redressée conformément aux proportions relevées par les services de conservation du patrimoine et mettant le tracé en exergue. Ce qui est rare.

En d'autres terme, bien plus lisible que ce que vous verrez là : https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/PM51001269 et surtout plus propice à l'étude et l'illustration, de ce sujet qui, la plus part des rémois l'ignorent, a fait le tour du monde.

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Placée sur le mur intérieur de la cathédrale de Reims, elle représente Hugues Libergier, un maître d’œuvre médiéval, architecte de l’ancienne église Saint-Nicaise. Sauvée in extrémis de la destruction en 1799, sa pierre tombale fut transférée dans la Cathédrale de Reims. Exceptionnelle tant par son état de conservation que par sa «mise en page» graphique, en "opus ad quadratum", elle respecte les canons esthétiques et religieux de son époque. En tout cas nous sommes en présence d'une composition dont l'échelle est indiquée par la graduation de la règle, la "Virga". Il est évident qu'aucune proportion n'est ici laissée au hasard, pouvant donner lieu à une complexe étude de ses tracés régulateurs.


Ainsi Hugues Libergier pérennise son image de « Magister » en restituant les outils emblématiques de sa profession : à ses pieds, une équerre et un compas, une règle graduée à main gauche (que l'on pourrais de prime abord prendre pour une canne ou un simple bâton de marche) et une maquette d’église à main droite ; il est représenté de « pied en cap », c’est-à-dire dressé debout en « majesté », coiffé d’un bonnet, habillé d’une robe longue plissée, d’une pèlerine à capuchon et porte des bas-de-chausses. Il est dans une attitude hiératique, placé au centre d’une arche trilobée soutenue par deux colonnes. Deux anges thuriféraires encadrent une architecture gothique. La plate tombe est bordée d'un bandeau épigraphique en haut duquel à partir du coin gauche vers la droite on peut lire :

CIGIT.MAISTRE HUES.LIBERGIERS.
QUI COMENCACESTE.EGLISE.ANLAN. DE.LINCARNATION.M.CC.&.XX.I.X
LEMARDI.DEPAQUES.&.TRESPASSA.LAN.DE.
LINCARNATION.M.CC.LXIII.LESEMEDI: A.PRESPAQUES.POURDEU.PIEZPOBL.

 
Ci gît maître Hugues Libergier
qui commença cette église en l'an de l'incarnation 1229,
le mardi de Pâques et, trépassa l'an de
l'incarnation 1263, le samedi après Pâques. Pour Dieu, priez pour lui.

Le sens de lecture de la dalle funéraire est ascensionnel. Ainsi l’emplacement de l’équerre et du compas au bas de la pierre tombale n’est pas neutre. C’est en cet endroit précis de la dalle que se porte d’abord le regard qui longe la règle graduée de Libergier, pour aboutir à l’œuvre de sa vie, c’est à dire la maquette de l’église. Les instruments semblent avoir été placés d’une manière astucieuse, peut-être pour servir d’étalonnage réel à ses pairs ou disciples, constituant ainsi un legs d’une partie de son savoir.


Dimensions selon la DRAC : 2,79 m de longueur, 1,36 m de largeur

- La partie basse, en largeur donne 1,35 m/1,36 m en raison des manques ou des éclats.
- La largeur prise sur les parties entièrement conservées donne bien : 1, 36 m.

Ce qui lui donne des proportions de double carré, ou rectangle "barlong", liées au temple de Salomon ; effectivement cohérent pour un maître bâtisseur d'églises...

L'équerre, si vous regardez bien, est à bords divergents, servant à des tracés autrement plus complexes que de faire un simple angle droit. Le compas, permettrait la construction rapide de polygones, à une époque où le rapporteur à degrés n'existe pas.

En résumé, nous serions ici, face à l'une des premières représentation "à l'échelle" de l'histoire de l'architecture, selon celle qui est indiquée par la graduation de la règle.


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