Passé Recomposé

exposition de rephotographie

Version diaporama de fondus enchaînés, présentée dans la salle d'expo.

La bibliothèque Carnegie ne conserve pas que des livres, elle possède aussi un fonds d’images qui constituent une chronique illustrée de l’histoire rémoise. La bibliothèque a ouvert ses fonds à Vincent Zénon Rigaud, un photographe spécialiste de la photographie avant/après : l’exposition « Passé recomposé : Reims d’hier à aujourd’hui » est le fruit de cette collaboration qui invite à un voyage visuel dans le passé de la ville et de la vie rémoise, et les recompose dans notre présent.


La technique est simple en apparence : V. Z. Rigaud part d’une photographie ancienne, retrouve le point de vue du photographe de l'époque et réalise un nouveau cliché avec le même cadrage. V. Z. Rigaud les fusionne pour en faire une seule et même image, mêlant le noir et blanc à la couleur comme le passé au présent, laissant apparaître par transparence certains changements urbains et faisant cohabiter les Rémois d’autrefois et ceux d'aujourd'hui. Un exercice subtil quand on pense que les lieux ont changé, qu'il faut non seulement retrouver le regard du premier photographe mais aussi sa focale originale. Au-delà de la performance technique, le résultat invite à la réflexion sur le temps qui passe et la perception qu'on en a.


Pendant l’automne 2018 et afin de permettre cette exposition, V. Z. Rigaud et l’équipe de la bibliothèque Carnegie ont patiemment sélectionné dans les collections iconographiques de la bibliothèque les clichés se prêtant à l’exercice, tant pour leur richesse documentaire que pour leur qualité technique, afin de présenter une frise allant de la Belle-Epoque aux années 1950. Certains clichés anciens appartiennent au journal rémois L’Union, qui les a déposés à la bibliothèque. D’autres viennent du fonds Poirier, donné en 2018 à la bibliothèque par la famille Poirier.


Du 09/02/2019 au 18/05/2019

L'expo est devenue un fond à part entière, évidemment conservé à la bibliothèque Carnegie. Il n'est pas empruntable mais il est consultable sur place ou sur internet : https://www.bm-reims.fr/PATRIMOINE/doc/SYRACUSE/2422287/passe-recompose-reims-d-hier-a-aujourd-hui-ensemble-des-tirages-photographique-exposes-a-la-biblioth

Façade « idéale » de la Cathédrale Notre-Dame 

Quel amoureux du patrimoine n’a point rêvé de voir les tours de la cathédrale de Reims couronnées de flèches ! Cette utopie de Viollet-le-Duc a été validée par l’étude des fondations réalisée par Henri Deneux et Charles Sarazin dans les années 1919-1924, prouvant la solidité des assises. En 1927, l’architecte des monuments historiques propose d’ailleurs la restitution d’une flèche centrale au-dessus de la croisée du transept. Mais ce projet sera finalement abandonné faute de volonté et de financement.

Place Royale et côté nord de la Cathédrale 


Probablement dégagée sous l’Empire romain, la Place Royale n’était plus au Moyen Age qu’un ensemble d’étroites ruelles insalubres. Le conseil de ville lance en 1751 un projet de rénovation urbaine, fini peu avant la Révolution de 1789 avec au centre la statue de Louis XV. La Reconstruction de Reims semble s’achever sur ce cliché de Max Sainsaulieu même si il manque encore le siège historique de la Société des Amis de la Cathédrale de Reims.

Halles du Boulingrin 

Issues du « Mouvement Moderne », les Halles du Boulingrin sont une prouesse architecturale laissant un vaste espace couvert de 10 000 m2. Sous une voûte parabolique haute de plus de 19 mètres pour une portée de 38 mètres, les Rémois peuvent acheter les mercredis, jeudis et vendredis leurs produits frais. Eugène Freyssinet a également créé une ambiance visuelle, employant un verre armé de couleur jaune. Cette re-photo crée une habile transition entre l’état neuf et celui rénové.

Cours Jean-Baptiste Langlet 

Difficile pour le regard de retrouver ses repères car le tramway moderne semble traverser cette statue d’un poilu. Monument aux morts d’Émile Fanjat et du sculpteur Paul Lefebvre, il est inaugurée grâce à une souscription publique en 1925 cours Jean-Baptiste Langlet. Le poilu doit se retirer en 1933 pour la place Léon Bourgeois où il veille encore aujourd’hui. En arrière-plan la Fontaine des Boucheries est elle aussi exilée place Jules Lobet. Imperceptiblement, notre quotidien fluctue et c’est faire oeuvre de mémoire que de nous permettre cet aller-retour historique.

Ancienne clinique Saint-André

Cet hôtel particulier dans l’esprit flamand a été édifié en 1926 par l’architecte Jacques Rapin. Il illustre parfaitement le style régionalisme largement représenté à Reims notamment dans les cités-jardins. Abandonnée, squattée puis vendue, la clinique Saint-André devra encore attendre quelques années avant de retrouver la quiétude de cette re-photo où ces membres de l’Automobile Club de Champagne posent fièrement devant leurs voitures customisées.

Ce "Passé recomposé" a été sélectionné par le ministère de la culture et publié dans l'ouvrage + PHOTOGRAPHIE  Les acquisitions des collections publiques  Pour la première fois, un ouvrage qui recense les photographies et les fonds photographiques entrés dans les collections publiques françaises.

Hôtel des Postes

Œuvre de François Le Cœur (1872-1934), l’Hôtel des Postes de Reims est construit dans un matériau tendance de l’époque, le béton armé. Peu onéreux, il permet également toutes les audaces architecturales notamment cette rotonde. Elle est largement ouverte, recouverte de tuiles de verre et laisse rentrer la lumière pour le grand plaisir sensoriel des usagers.

Portails occidentaux de la Cathédrale 


Pendant la première guerre mondiale, la cathédrale a eu nombre de ses statues pulvérisées, notamment sur les portails, la plus célèbre de ces « gueules cassées » étant l’Ange au Sourire. Devant les barbelés empêchant d’éventuels pillages, c’est un autre infirme qui accueille les touristes qui se pressent dès 1919 pour visiter les ruines. Terrible contraste entre deux époques, détresse d’un infirme mendiant d’un côté et étreinte d’un couple de touristes de l’autre.

Basilique Saint-Remi 

Bombardée durant la première guerre mondiale et incendiée le 1er août 1918, la basilique Saint-Remi émerge parmi les ruines de son quartier. La restauration est un important chantier d’où on distingue sur ce cliché la réfection de nouvelle charpente. Ne bénéficiant pas des importants crédits et donations de la cathédrale, Saint-Remi devra attendre le 1er octobre 1953 pour être entièrement rendue au culte. Après ces fouilles archéologiques, les travaux se poursuive aujourd’hui pour donner un nouvel écrin au reliquaire de la Sainte Ampoule, occasion pour le re-photographe de revenir pour une troisième prise.

Nef de la Basilique Saint-Remi 

Spécialiste des charpentes, Henri Deneux a restauré les couvertures de l’église Saint-Jacques, de la cathédrale Notre-Dame et ici de Saint-Remi entre 1925 et 1930. Tous les éléments sont moulés à pied d’oeuvre, puis montés et assemblés par un ou deux ouvriers, sans recours à aucun engin de levage, d’où un poids savamment calculé permettant une facilité dans le montage et une régularité dans le travail. Sur ce document, l’ouvrier arrose le béton afin d’en faciliter le durcissement.

Déambulatoire côté sud de la Cathédrale


A l’abside, s’élève le clocher à l’Ange de dix-huit mètres de hauteur, exécuté aux environs de 1485. Sous l’encorbellement du balcon octogonal, huit atlantes en bois sculpté, recouverts de plomb, soutiennent les angles. Disparues lors de l’incendie du 19 septembre 1914, les nouvelles statues attendent en septembre 1935 dans le déambulatoire d’être mises en place, têtes inclinées, penchées vers les touristes du XXIe siècle.

Chevet de la Cathédrale

Toujours en perpétuelles restaurations, la cathédrale de Reims doit sa « résurrection » après-guerre à l’œuvre de l’architecte des monuments historiques Henri Deneux (1874-1969). Au pied de la Cathédrale et du Palais du Tau, ce jardin de 6200 m2 porte depuis 2011 le nom trop méconnu de cet artiste et technicien patient et passionné.

Halles du Boulingrin

Après la Première Guerre mondiale, un nouveau marché couvert (dit Halles du Boulingrin) est édifié par l’architecte Emile Maigrot (1880-1961) et l’ingénieur Eugène Freyssinet (1879-1962), père du béton précontraint. Ayant mal vieilli, le bâtiment est voué en 1988 à la démolition. Le classement aux Monuments historiques oblige la municipalité à revoir sa copie. Après plusieurs projets, le monument retrouve son aspect et son affectation originels, inauguré le 14 septembre 2012. 

Cette "cathédrale de béton" est redevenue un lieu incontournable de "l'art de vivre à la rémoise".

Le Domaine Pommery

En 1868, Jeanne Alexandrine Pommery, célèbre « veuve de Champagne » décide de créer un vaste domaine de 55 hectares aux décors monumentaux. Elle métamorphose ainsi d’anciennes carrières de craie gallo-romaines, "les crayères", pour accueillir son entreprise et les touristes surpris par une ville souterraine de 18 kilomètres et un patrimoine de style gothique néo-élisabéthain. Bombardée, la tour ne tient que grâce à des poteaux de soutènement et est reconstruite légèrement plus haute.

Hôtel des Postes

La reconstruction de Reims est l’occasion de mettre en application un nouvel urbanisme et de concevoir des constructions dans l’esprit de l’époque, en béton armé, matériau nouveau alors. Dans le style « Mouvement Moderne », l’Hôtel des Postes est situé entre la Place Royale et le chevet de la cathédrale. Il est caractérisé par des lignes géométriques et fonctionnelles, une sobriété du décors et de larges ouvertures. Bâtiment art déco, classé au titre des monuments historiques depuis 1953.

Entrée du Cimetière du Nord

Cimetière du quartier des « bons vivants », créé en 1787, le Cimetière du Nord est l’une des premières nécropoles de France placée hors des murs de la cité, à côté du Boulingrin. Ce « Père-Lachaise rémois » conserve de nombreux monuments de la période romantique. 

Les plus illustres rémois y reposent : Mme la Veuve Clicquot et d'autres personnes associées aux maisons de champagne (Heidsieck, Krug, Lanson, Pommery et Roederer) entre autres.

Ce « passé recomposé » prouve que la croix et la devise en latin ont disparu alors que les sabliers ailés – augures du temps qui inéluctablement passe – sont restés.

Entrée du Musée Saint-Remi 

Au début du XXe siècle, Reims est déjà une ville en pleine effervescence. Pour faciliter les déplacements, la municipalité s’équipe en 1900 d’un réseau moderne de tramways électriques. Reconstruits puis abandonnées en 1938-39, les tramways reviennent triomphalement dans la cité des sacres en 2011, signant un retour vers des mobilités douces et durables. Il s’agit ici du dernier tramway hippomobiles tiré par un cheval, rue Simon, devant l’entrée du musée Saint-Remi. La publicité fait référence au Grand Bazar, magasin jadis situé rue de Vesle, à la place des actuelles Galeries Lafayette.

Musée Hôtel Le Vergeur

Rentier et après avoir parcouru le monde, Hugues Krafft se consacre à la sauvegarde et à l’étude du patrimoine rémois. Il crée en 1909 la Société des Amis du Vieux Reims dont les domaines d'activité sont l'histoire locale, la protection et la valorisation du patrimoine de la ville. Après la guerre, il fait restaurer l’Hôtel Le Vergeur. Inauguré en 1930, ce monument accueille ses appartements et le siège de l’association qu’elle occupe toujours, poursuivant depuis les volontés de son illustre mécène.

Entrée de l’église Saint-Jacques 

Les photographes d’hier et d’aujourd’hui ont su saisir un instant magique rue Marx Dormoy. Cette course professionnelle sponsorisée par le quotidien régional semble suspendue dans le temps, les serveurs étant prêts à s’élancer. Le re-photographe y juxtapose son cliché d’un petit concert, créant une symbiose car les contemporains paraissent ainsi attendre et suivre cette manifestation passée

Parc de Champagne

En 1907, Melchior, marquis de Polignac, prend en main le destin de la Maison Pommery avec la volonté de doter son entreprise d’un parc de jeux et de sports à l’usage de son personnel et de leurs familles. Il choisit un terrain rocailleux et crayeux de 22 ha, à proximité de ses caves. Les sports d’équipe sont à l’honneur et le « foot-ball » récemment importé d’Angleterre connaît un grand engouement auprès des jeunes cavistes ainsi que de leurs spectateurs.

Parc de Champagne

L’architecte paysagiste rémois Edouard Redont réalise en 1911 ce complexe sportif comprenant : des pistes de courses et de sauts ; des emplacements pour les lancers de disque et poids, pour le jeu de boules, le croquet, le jeu de paume ; une salle d’escrime ; cinq courts de tennis ; un terrain de hockey et un autre de football ; une piste cyclable en attendant un vélodrome. La vocation originelle du parc (l’accueil du personnel de la Maison Pommery) est très tôt dépassée, et ce sont les enfants des hospices et de l’ensemble des groupements scolaires de Reims qui peuvent profiter de toutes ses infrastructures.

Œuvre hors exposition

Chavot-Courcourt (51), église Saint-Martin, début première guerre mondiale. 

Cliché conservé à la Bibliothèque Carnegie de Reims, cote : B514546101_Poirier_Guerre_028 

C'est un avion de reconnaissance Maurice Farman MF11 bien que marqué MF735. Il n'est pas armé. On doit se situer entre le 20 Août et le 3 septembre 1914. C'est le 3 septembre qu'un Farman de reconnaissance remarque le changement de direction de l'aile droite allemande près de Paris. Reims est occupé le 2 septembre, le 5 les allemands sont à Vitry. Les avions n'ont pas d'autre moyen d'informer en urgence que de se poser et de trouver un téléphone ou un télégraphe. Celui qui a repéré le changement de direction de Von Kluck va se poser devant un fort de la ceinture avancée de Paris. Le commandant du fort est ...le capitaine Dreyfus devenu commandant ( le monde est petit !! ). Il a un téléphone mais passe la communication avec l'État Major à l'aviateur pourtant moins gradé que lui. En disant: "moi ils ne vont pas me croire..."  

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